L’Eglise, Mère et Educatrice, a sa méthode et sa pédagogie dans l’enseignement qu’elle prodigue à ses fils. Cet enseignement est à la fois catéchétique, pastoral et doctrinal. L’Eglise vise aussi bien à faire grandir la connaissance du Christ, la croissance de la foi qu’à faire vivre certains événements de la vie de Jésus. C’est ce qui explique certaines pratiques comme le fait de recouvrir d’un voile les croix et les statues dans les églises. Posons-nous deux questions :
1. Quelle est l’origine de cette pratique ?
C’est une tradition qui date du Moyen-âge, relativement abandonnée en 1963 mais qui perdure encore à partir du 5ème dimanche de Carême. Le drap utilisé est violet, il est signe de pénitence.
En effet, à partir du 5ème dimanche, l’Église s’apprête à revivre les événements de la Passion à chaque heure de l’histoire. Ainsi, Eglise manifeste son deuil car son époux, le Christ, sera pris, condamné à mort et subira sa Passion. La croix, signe de la victoire du Christ, sera dévoilée solennellement alors le Vendredi saint lorsque le prêtre chantera par trois fois « Voici le bois de la croix qui a porté le salut du monde ». Et les fidèles répondront : « Venez adorons ».
Le but de cette pratique est de se concentrer sur le Christ, et de ne pas se laisser distraire par le culte aux autres saints. Par conséquent, il est bon que les croix dans l’église soient recouvertes d’un voile rouge ou violet. On n’allumera pas de lampes devant les images des saints. Car les statues des saints rappellent la victoire de la Résurrection. En effet, il est mieux d’effacer, pour un temps, tout autre culte que celui du mystère célébré.
2. Quel sens pour notre foi aujourd’hui ?
Cette pratique appelle les fidèles à communier au Christ et à le suivre dans sa Passion sans perdre pieds. La croix ainsi plantée pourra les toucher profondément dans leur vie. Car il faut avoir communié à sa croix pour participer à sa vie.
Jésus ne disait-il pas : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ? Celui qui a honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire, la sienne, celle du Père et des saints anges » (Lc9,23-26).
La Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements précise « Les croix demeurent voilées jusqu’à la fin de la célébration de la Passion du Seigneur, le Vendredi saint, les images jusqu’au début de la veillée pascale », elle poursuit sur la nature du voile à mettre, dans la Lettre circulaire sur la Préparation et la célébration des fêtes pascales, « qu’il doit être en tissu violet souple et non transparent, sans aucune broderie, et posé le samedi après-midi avant le 5ème dimanche ». « Après la messe du Jeudi Saint, on dépouille l’autel. », indique-t-elle.
En guise de conclusion, notons que le but est d’interrompre le culte des saints pour ne plus que se concentrer sur le Seigneur qui avance vers sa Passion. Les autels sont également privés de toute fleur. Le thème de la Passion, qui déjà, dans les dernières semaines, était de plus en plus accentué, domine désormais seul. Rien ne saurait distraire de la pensée de la Passion du Christ. Si jusqu’ici le carême a été le temps de la conversion et du renouvellement de la vie spirituelle, le temps de la Passion est spécialement consacré au souvenir des souffrances du Christ. C’est la troisième étape de la préparation pascale.
Que Marie au pieds de la croix nous aide par son intercession à recouvrir nos visages de la miséricorde du Seigneur pour déchirer le voile du péché et de l’orgueil qui couvre nos cœurs. Amen.
Père Aimé Victor BAGALA
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