Du Bataclan, Paris au
Manchester-Arena, et London bridge…
Des familles, une nation sont endeuillées une fois de plus
par un attentat dans une foule et revendiqué par DAESCH. Cette fois vingt deux
jeunes et enfants sont tués et beaucoup
sont blessés.
Une onde de violence destructrice inassouvie est en œuvre. Elle va et vient à la recherche de sa proie.
Elle s’en prend aux
plus faibles et aux innocents d’une société civile. Société haïe à un point que
disent ces horreurs, ces cadavres de jeunes et d’enfants à Manchester (1). Elle
s’en prend d’abord aux jeunes tueurs qui se radicalisent d’une façon fulgurante.
Au point d’aimer la mort violente qu’ils veulent donner comme une nécessité,
une addiction morbide. Ces jeunes là
sont ceux de chez nous, éduqués et nés sur notre sol.
Le chaos moyen oriental déborde. Il veut imprégner nos
enfants. Il veut culpabiliser un occident surarmé et en doute. Violent lui-même
à bien des égards lors de bombardements aux « effets collatéraux ».
S’il était possible de construire la paix en désarmant deux camps bien
distincts, j’ai l’impression que cela ne suffirait pas, comme après la seconde
guerre mondiale pour construire l’Europe de la paix. Cette guerre nouvelle est
une guerre mondiale par petits morceaux (Pape François).
En effet, il semble que ce mal-ci est d’une autre nature.
Plus profond, échappant aux analyses militaro-politiques. Il s’en prend à ses coreligionnaires comme aux
autres. En associant le nom de Dieu, il blasphème Dieu qu’il prétend servir,
sans compassion aucune, ni rationalité. Détruire
et asservir est sa seule loi.
La haine se sert des sentiments profonds d’injustice, de l’aveuglement
de l’intelligence devenue endoctrinable, du malaise profond de l’identité de
certains individus qui ne savent pas ce que l’altérité veut dire. Dit plus
simplement, les tueurs ne voient pas l’autre dans sa différence, ne peuvent
accepter une réalité sociale qu’ils finissent pas haïr, parvenant même à
transcender ce sentiment.
Ces « ondes » destructrices et irrationnelles ont
traversé notre histoire récente comme le génocide des tutsi au Rwanda ou celui
des arméniens en Turquie. Non que cela soit la même chose, Dieu merci, mais une
haine aveugle et insaisissable en est le dénominateur commun : les voisins
et les proches se sont tués.
Le parallèle peut paraître choquant car l’ampleur de ces
génocides est autre. Mais il me semble que la violence inassouvie cherche des
proies au travers les failles d’une société et des psychologies et, surtout,
dans les faiblesses des ressorts profonds de l’être que sont les capacités de
croire et de voir l’Autre véritable. Ce tout Autre, source de toute vie, est le
grand absent des sociétés occidentales qui sont en grande partie construites
sur son image. Les réactions fortes après les attentats montrent que les
enfants de nos sociétés sont nourris de ce terreau duquel poussent les droits
de l’homme et le respect de l’individu. Elles montrent qu’ils restent généreux
et ouverts à la matrice qui les a fait naître. Capacité de ressembler au Dieu
d’Amour et de Miséricorde.
Mais nos sociétés sont un corps aux pieds d’argile. Elles
sont aveuglées par une certaine modernité, hantée par l’idéal du loisir et une
idée erronée de la liberté axée sur la satisfaction individuelle. Une faiblesse
induite par l’obsession de soi qui empêche de voir l’autre et donc érode
l’altérité. Ce n’est pas parce que je communique avec le monde entier depuis ma
chambre, au travers mon écran, que je sais vivre et entrer en relation avec mes
frères humains. Cette idolâtrie d’une toute puissance individuelle crée cet
aveuglement. Elle est le lit de cette langueur profonde.
La perte de contact avec Celui qui est source de la vie, le
tout Autre qui nous montre la beauté des êtres, rend aveugle. Le monde paraît ainsi
tout à coup hostile et incompréhensible. Il fait peur. C’est sur ce terrain que
l’onde violente progresse.
L’Esprit de Dieu est venu pour un discernement. Le mal est
vaincu. Il ne peut progresser que sur l’ignorance de cette vérité. Il n’a de
cesse que de masquer cette réalité selon laquelle il est vaincu. Il a besoin de
nos failles pour agir dans le noir. Il craint le grand jour. Il craint les
êtres qui savent et s’aiment et se respectent, qui croient en l’autre : dès lors il est immédiatement
évacué. Mais en attendant, malin qu’il est, il se nourrit des blessures et des
failles pour instiller le doute et éloigner de la source de tout bien.
Nous sommes comptables pour le monde de cette Espérance. En
témoigner est le meilleur hommage à faire pour les victimes et la meilleure consolation
pour leurs familles, qu’elles soient par ici ou au moyen-orient et ailleurs.
+Edouard DUCAMPS
(1)
et
depuis en Egypte et à Kaboul