La fin de la seconde guerre mondiale a donné lieu à de grands moments de ferveur collective pour implorer la paix, et, après la capitulation allemande, prier pour que cette paix soit définitive. Cette prière a souvent été mise sous le haut patronage de la Vierge Marie. C’est ainsi que plusieurs copies de la statue de Notre-Dame de Boulogne ont circulé dans la France entière et suscité de multiples processions et temps de prière (le fameux pèlerinage de « Notre-Dame du grand retour »).
Plus modestement, à l’échelle de notre diocèse, la statue de Notre-Dame de Liesse a sillonné nos villes et nos campagnes au cours du printemps 1945. Cette longue pérégrination a fait étape à Saint-Crépin les 11 et 12 avril.
La Vie diocésaine de l’époque témoigne :
« plus de 2500 personnes se pressent sur le parvis. À la messe de minuit plus de 1200 personnes présentes et de 650 communions. L’église Saint-Crépin ne désemplit pas. Pourtant donc, dans la Brie que l’on accuse parfois d’être si indifférente au point de vue religieux, l’enthousiasme est général et la dévotion envers la sainte Vierge bien vivante. Il n’est pas jusqu’aux soldats africains en cantonnement qui ne viennent spontanément voir la Vierge noire de Liesse et baiser le pied de sa statue. Partout on multiplie les guirlandes et les fleurs, on orne les maisons. On charge son char d’aubépines blanches et rouges que l’on reprend ensuite comme souvenir. Surtout on prie et avec ferveur. À l’apparition de la statue, toute l’assistance se met à genoux et prie les bras en croix. Cette visite prend de plus en plus l’allure d’une mission diocésaine ».
Quelques explications pour bien comprendre ce petit texte :
« 2500 personnes se pressent sur le parvis »… Vous imaginez ? Sauf erreur de ma part, il n’y a sans doute eu depuis aucun rassemblement religieux aussi important sur notre parvis.
« Dans la Brie que l’on accuse parfois d’être si indifférente au point de vue religieux »… Pendant longtemps, du point de vue de la pratique religieuse, le sud de l’Aisne a fait pâle figure par rapport à la fervente Thiérache. Pour un prêtre, être nommé à Château-Thierry, c’était un peu comme être envoyé en Sibérie soviétique !
« Il n’est pas jusqu’aux soldats africains… » Château-Thierry a été libérée, mais la guerre n’est pas terminée et des troupes sont en cantonnement, dont des troupes coloniales. Ces soldats découvrent la « vierge noire » de Liesse.
« Partout on multiplie les guirlandes… », les photos en témoignent. Vous imaginez notre Grande rue barrée par une banderole « Bienvenue à Notre-Dame de Liesse » ? En 1945, c’est possible !
« À l’apparition de la statue, toute l’assistance se met à genoux et prie les bras en croix… » Nos aînés priaient souvent les bras en croix, pour faire pénitence.
« Cette visite prend de plus en plus l’allure d’une mission diocésaine… » Jusque dans les années 1950, les paroisses vivaient périodiquement des temps forts de plusieurs jours ou de plusieurs semaines que l’on appelait des « missions ». Des prédicateurs venus d’ailleurs, souvent des religieux, investissaient la paroisse et cherchaient à la « réveiller » du point de vue spirituel, en multipliant les prédications, conférences et cérémonies de toute sorte. Saint-Crépin a connu de nombreuses missions, notamment une qui a rassemblé beaucoup de monde en 1924. Ah… J’ai loupé ce centenaire !
Pierre Moracchini
Merci Pierre pour cette histoire !
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