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vendredi 24 juillet 2015

Homélie de Mgr Labille le 5 juillet : la Farandole de la Fraternité



DIMANCHE 5 JUILLET 2015, LA FARANDOLE DE LA FRATERNITÉ -
HOMÉLIE DE MGR LABILLE
Évangile selon Saint Marc 6, 1-6
"…de nombreux auditeurs étaient profondément choqués à son sujet…"

L’évangile de ce matin pose une  question : qui est vraiment Jésus, quelle est son identité ? Nous sommes en effet ce jour-là à Nazareth, son lieu d’origine. Un village où on l’a vu grandir, où une partie de sa famille habite toujours. Il devrait épouser ce qui se vit, ce qui se pense, ce qui se fait à Nazareth. Mais ce Jésus qu’on croyait connaître, qu’on a vu grandir, voilà maintenant qu’il se distingue des autres, il n’est plus celui que l’on avait connu. La population de Nazareth s’en rend compte en particulier lorsqu’il prend la parole à la synagogue le jour du sabbat, il ne prêche pas comme les autres rabbins. Certains admirent sa sagesse, d’autres sont choqués par sa prédication ; ils ne croient pas ce que Jésus raconte, ils n’apprécient pas sa façon d’interpréter les écritures. Il leur fait dire des choses qui s’éloignent de la tradition. Certains vont même lui en vouloir et chercher à le faire taire, ou à l’éliminer. D’ailleurs peu de temps après, le grand prêtre de la religion juive qui habite à Jérusalem dira qu’il vaut mieux le faire mourir plutôt que de le laisser transformer les croyances et les traditions du peuple, plutôt que de le laisser jeter le trouble dans les esprits.
Qu’est-ce qui trouble et qu’est-ce qui fait peur dans l’enseignement de Jésus ? Il y a bien sûr en premier le fait qu’il relativise certaines pratiques religieuses comme le repos du sabbat ; il met en avant le bien de l’homme avant l’obéissance à la loi en certaines circonstances, par exemple en guérissant des malades le jour du sabbat, en arrachant des épis de blés le jour du sabbat. Ainsi il nous révèle que sa mission est d’aider les hommes à guérir du mal ou encore de leur fournir le pain nécessaire à leur vie.

Mais il y a plus troublant dans la prédication de Jésus, c’est la révélation de l’amour de  son Père pour tous les hommes, un Dieu qui ne fait pas de différence entre les hommes : il n’y a pas d’un coté les juifs et de l’autre les païens. Dieu fait briller son soleil sur les bons et sur les méchants. Dieu aime tous les hommes sans distinction de race, de nationalité, de religion.
 Cela va révolutionner l’idée que l’on se faisait de Dieu : Dieu n’est un Dieu tutélaire, il n’est pas le Dieu des juifs, il n’y a pas un Dieu pour les français ou celui des allemands. Personne ne peut s’approprier Dieu, personne ne peut le mettre à ses cotés pour gagner une guerre, pour dominer un autre peuple ou le coloniser. Toutes choses qui se sont produites dans l’histoire.
Cela va révolutionner l’idée que l’on se fait des autres hommes : ils nos frères et nos sœurs, tous également aimés par le même Père qui est notre Père à tous ; il n’y a plus d’un coté les étrangers et de l’autre les autochtones, les noirs et les blancs, les catholiques et les protestants, les chrétiens et les païens.
Et Jésus va confier cette mission à son Église : aider les hommes à ne pas s’enfermer dans des identités qui en appellent à la violence contre ceux qui ne leur rassemblent pas, mais au contraire à les aider à s’ouvrir les uns aux autres pour qu’au delà des différences, nous sachions rejoindre chez les  autres l’humanité qui nous est commune.


 Cette mission est un dur et long combat qui  dure depuis que Jésus est venu nous en révéler l’enjeu : faire de tous les hommes un seul corps dont il est la tête et dont nous sommes les membres différents et complémentaires. C’est sans doute aussi l’enjeu qui s’exprime aujourd’hui ici par cette farandole de la fraternité. La fraternité ne va de soi, il faut la vouloir et désamorcer le chant des sirènes qui veulent nous en faire douter.
Il a fallu du temps dans les débuts de l’Église pour que les chrétiens issus du judaïsme acceptent ceux qui étaient issus de la Grèce, de Rome, des pays barbares. Il a fallu du temps au Moyen Âge pour ne pas confondre la foi en la résurrection de Jésus  et la croisade contre les musulmans ; au cœur de ce conflit François d’Assise alla à la rencontre du sultan. Il a fallu du temps et bien des débats pour qu’on comprenne que la vérité de l’évangile ne s’impose pas avec des guerres de religion, par les bûchers de l’inquisition, le mépris des autres civilisations  comme cela a pu parfois se faire lors de la découverte de nouveaux mondes.
Qu’as-tu fait de ton frère ? C’est la question que Dieu posait à Caïn après le meurtre de son frère Abel. Cette question est aussi pour nous aujourd’hui ; qu’as-tu fait de ton frère qui a faim, qui est malade ou handicapé, qui est prisonnier, qui est étranger, qui est somalien, soudanais, Rom.
Il y a bien sûr tous ceux et toutes celles qui s’efforcent de les accueillir, il y a aussi toutes les associations qui cherchent des solutions pour leur trouver une place. Mais quelquefois nous pouvons prendre peur, nous pouvons penser que les autres, les migrants ou les étrangers sont la cause de tout ce qui ne va pas chez nous. C’est le principe bien connu du bouc émissaire : penser qu’ils sont la cause de tous nos maux, alors que le mal est en nous,  dans nos enfermements. Jésus a été de son temps un bouc émissaire. Heureusement pour nous que ses disciples ont découvert dans son message et dans sa personne de quoi ouvrir une espérance pour tous, et cela même au prix de leur sang.
Aujourd’hui nous sommes les témoins de son message et de son identité. L’identité de Jésus nous est révélée en partie dans la dernière de ses paraboles. Celle du jugement dernier : en donnant à manger à celui qui a faim, en visitant celui qui est malade, en accueillant celui qui est étranger, en allant à la rencontre de lui qui est prisonnier, c’est à moi que vous l’avez fait.

Je souhaite qu’aujourd’hui la farandole de la fraternité nous donne la joie de reconnaître la présence de Jésus au cœur de chacun. La fraternité, ce n’est pas un rêve comme si tout le monde était beau et gentil, c’est un engagement pour combattre en nous et autour de nous la peur de celui ou de celle qui est différent. L’eucharistie qui nous rassemble est le sacrement où nous manifestons que le Père a envoyé Jésus pour faire de nous des frères.

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