L'Eglise envoie des personnes auprès des personnes malades
et/ou âgées. Elles ont à être signes à la manière de Jésus, que Dieu-Amour est
présent et qu'Il propose de porter les souffrances avec chacun. Etant aumônier
de l'hôpital et Bellevue, je vous partage un récit de visites :
Visite dans un service de l'hôpital : Une
infirmière me dit « Peut-être pouvez-vous aller voir ce monsieur, il aime
parler et en a besoin. Il a peu de visites ». « OK, je vais lui dire
bonjour »
Je frappe
à la porte, entre et me présente « Je m'appelle Marie et je suis aumônier
catholique. Je passe discuter avec les personnes qui le désirent ». Il me
répond « Ah, c'est gentil mais vous savez, tout ça, je n'y crois pas
mais je veux bien parler » « Très bien, il y a longtemps que vous
êtes ici ? »
« Quelques jours mais je suis à Bellevue depuis
quelque temps. Le temps est bien long. » Puis il me raconte :
Il est né à la fin de la guerre 14-18, n'a pas connu son
papa qui est mort à la guerre et n'a été reconnu que 4 ans après. Heureusement,
il a eu un beau-père avec un très grand cœur. Puis il s'est marié et a eu 3
enfants, un garçon est décédé il y a peu. Il a travaillé dans une grande
entreprise où il a monté en grade progressivement et a mis tout son cœur en
« formant un syndicalisme » pour aider les ouvriers.
A plusieurs reprises, il a eu les larmes aux yeux en
évoquant son papa, son beau-père, son fils et aussi les ouvriers qu'il a pu
aider mais aussi ceux qu'il n'a pas réussi à aider. Je le remercie de m'avoir
partagé ces moments de vie et lui propose d'aller le voir lorsqu'il
retournerait à Bellevue. Il accepte sans hésiter.
Deux ou
trois semaines plus tard, je lui rends visite à Bellevue. Je me re-présente, il
se rappelle vaguement de ma visite, il est content que je lui propose de
m'asseoir près de lui pour parler. Et il parle :
« On m'a changé de chambre car j'étais à côté d'un
monsieur qui faisait du bruit et me « fatiguait ». Je suis mieux ici
mais... Peut-être je m'habitue mais... vous savez c'est dur quand on est petit
enfant, qu'on n'a pas connu son papa et qu'ils attendent 4 ans pour reconnaître
sa mort (sanglots). Et puis... j'ai fait l'autre guerre aussi, j'étais 2ème
classe (je n'ai pas voulu monter en grade) et même simple 2ème classe, j'ai
envoyé des copains se faire tuer... On me donnait l'ordre de les envoyer en
mission, je les envoyais et pourtant je savais qu'ils avaient 1 chance sur 2 de
ne pas revenir, et je les envoyais quand même... J'envoyais des copains... Je
me sens coupable... (sanglots). » Après un temps de silence, je lui parle
de tout ce qu'il a fait au niveau de son syndicalisme pour faire du bien aux
autres. Pendant un moment, il me raconte ce qu'il a essayé effectivement de
faire pour aider. Ce qui est important pour lui : faire avec son cœur. Puis,
il reprend ses souvenirs de guerre et ses sentiments de culpabilité
(sanglots)... J'essaie de lui dire combien j'ai entendu qu'il a un grand cœur
et a essayé de faire ce qu'il a pu pour aider les autres, que je crois que
c'est essentiel.
Je lui propose de le laisser et de revenir plus tard. Il
accepte tout de suite en précisant « Ça fait du bien de raconter à
des gens qui essaient de comprendre. Les gens ne peuvent pas comprendre, ils
n'écoutent pas... ».
Je confie bien entendu ce monsieur au Seigneur. Ce
monsieur n'a pas la grâce de la foi, comment l'aider à trouver une certaine
paix ? Les solutions qui m'apparaissent sont :
-
Tout d'abord, continuer à aller lui rendre
visite
-
Prier
-
Demander à l'Eglise dont les membres ont à se
porter les uns les autres et qui m'a envoyé en mission auprès de ces personnes,
de m'aider. Alors, je demande à ceux qui le peuvent de prier pour ce monsieur
(mais aussi pour tous ceux qui ont vécu ces drames de la guerre) qu'il trouve
la Paix et...
Merci Seigneur de m'avoir appelée, et de me porter pour
être auprès de ces personnes qui connaissent la souffrance ; et merci à
l'Eglise et ses membres de prier pour les souffrants !
En écho, voici comment des membres du personnel d'une maison de retraite, se sont exprimés aux obsèques d'une personne marquée par un handicap de naisssance.
RépondreSupprimerMa Suzanne, notre Sussu, notre petite mère
Petite femme au grand coeur, tu as su nous toucher chacune à ta façon.
Certaines d entre nous t accompagne depuis plus de 10 ans et ne plus t avoir à nos côtés va être un
vide indescriptible.
Tu nous as tant apporté Suzanne. A toi toute seule tu dégageais de la tendresse, de l'amitié, des rires
et du réconfort. Tu es unique
C'est un honneur pour nous de t'avoir rencontré. Jusqu'au bout on pouvait lire dans ton regard une
tendresse, dans ton lit tu étais bien fragile mais tu trouvais la force de nous enlacer et nous
embrasser. Te connaissant, ce n'était même pas pour ton propre plaisir que tu puisais au plus profond
"de toi cette énergie mais plutôt parce que tu nous connaissais autant que nous te connaissions et tu
sentais dans notre voix et voyais dans notre regard la tristesse de te voir nous échapper.
Nous sommes fières d'avoir pu t'accompagner jusqu'au bout de ta vie, nous sommes fières d'avoir
tenu ta main au seuil de ton dernier voyage. Tu nous as donné tellement de ta personne, tu nous as
permis d'être à tes côtés jusqu'à tes 69 ans que nous voulions te faire l'honneur de t'écrire ses
derniers mots en gage de nous reconnaissance, en gage de notre tendresse.
Suzanne va en paix nous sommes là à tes côtés et jamais nous oublierons ce petit bout de femme qui
a touché nos coeurs. Par nos pensées les plus sincères et nos souvenirs incalculables, tu continueras à
faire partie de notre quotidien et à jamais tu es gravé dans notre coeur.
Au revoir Suzanne dort tranquillement on veille sur toi
l'hopital ou la maison de retraite souvent isolent et sont des lieux de souffrance
RépondreSupprimerelles peuvent aussi l'occasion de beaux témoignages de vie comme ceux qui nous sont donnés ici
merci