... Jésus est l’acteur principal
de la Passion. Cependant, arrêtons de faire de
la pensée magique, en disant qu’il a souffert
plus que tout le monde. Des victimes, des
femmes, des hommes et des enfants qui ont été
torturés et tués injustement, il y en a plein
dans l’histoire du monde. Par ailleurs, ce que
l’histoire théologique de Jésus nous apprend,
c’est que sa passion, ses souffrances et sa
mort, nous font prendre conscience, qu’à travers
Jésus, Dieu a voulu se solidariser avec nous,
avec nos passions, nos souffrances et nos morts.
Jésus, souffrant sa passion, représente toutes
celles et tous ceux qui, dans notre humanité,
sont crucifiés d’une manière ou d’une autre, par
le mal, l’épreuve, la maladie, la faiblesse, la
brutalité, la solitude et l’injustice. Toutes
celles et tous ceux qui sont victimes de
trahison, d’abandon, de calomnie ou de jugement
inique, de torture physique ou morale… Tous
ceux-là peuvent se reconnaître en Jésus Christ :
« Avec le Christ, dit saint Paul, je
suis un crucifié » (Ga 2,19). Ce qui veut
dire que le Christ est proche de nous sur nos
chemins de croix. Nos luttes sont à l’image de
son combat contre le mal et l’injustice. Et
c’est pourquoi, il nous faut aller jusqu’au
bout, sans compromission, si nous voulons lui
ressembler. Il nous faut toute une vie pour y
arriver; vaut mieux commencer dès maintenant. En
attendant, on peut aussi nous situer par rapport
aux autres acteurs du drame, présentés par saint
Marc …
Ces
autres acteurs du drame, il nous est difficile
de les regarder de loin, comme si nous n’avions
rien de commun avec eux : un des derniers repas
de Jésus se prend chez Simon le lépreux, donc un
exclu… et, au cours du repas, une femme, sans
nom, vient embaumer Jésus avant sa mort; elle
vient parfumer la tête de celui qui sera
couronné d’épines (Mc 14,3). Cette femme est
critiquée sévèrement pour une question d’argent
(Mc 14,4-5). Jésus dit pourtant : « Partout
dans le monde, on racontera, en souvenir d’elle,
ce qu’elle vient de faire » (Mc 14,9). Tous
les exclus d’aujourd’hui, de la société et de
notre Église, peuvent se reconnaître dans Simon
le lépreux ou dans cette femme sans nom qui ont
une place de choix dans le cœur du Christ de
Pâques. Ils sont les choyés de Dieu. Il ne faut
surtout pas oublier cela…
Et les
autres maintenant : Judas nous rappelle nos
trahisons en amitié, en amour, avec une parole
donnée. Pierre nous renvoie à nos reniements et
à nos abandons, alors que nous nous croyons
meilleurs que les autres. Les disciples
endormis, puis en fuite, ne sont-ils pas le
reflet de nos assoupissements et de nos manques
de courage quand il s’agit de nous mouiller, de
témoigner? Pilate n’évoque-t-il pas nos propres
lâchetés devant Dieu et devant les hommes quand
nos intérêts personnels passent avant la justice
et la vérité? Par contre, d’autres acteurs de la
Passion ont fait preuve de courage et de foi :
Simon de Cyrène, qui a porté la croix aux côtés
du Seigneur; il incarne nos accompagnements
fraternels de ceux qui souffrent ou qui sont
exclus. Ce jeune homme vêtu d’un drap, c’est
sans doute Marc lui-même qui, comme Alfred
Hitchcock, entre dans son récit pour lui donner
plus de crédibilité; c’est ce même jeune homme
qu’on retrouve au matin de Pâques, assis sur le
tombeau, cette fois, vêtu d’une robe blanche, le
vêtement de la Résurrection. Ce jeune homme,
c’est Jésus lui-même, dévêtu, pour exprimer la
mort, mais c’est aussi le Christ vêtu de blanc
pour exprimer la Résurrection. Ce jeune homme
représente aussi tous les chrétiens qui
acceptent d’être dévêtus, c’est-à-dire
dépossédés d’eux-mêmes, de leur propre vie, pour
revêtir le Christ ressuscité. Le Centurion
romain qui rend hommage au Crucifié, nous le
rejoignons, lorsque nous témoignons de notre
espérance chrétienne. On pourrait continuer avec
tous les personnages du récit… Dans lesquels
nous reconnaissons-nous?
La Passion du Christ se poursuit encore
aujourd’hui, sous nos yeux, en même temps que sa
Résurrection… Quel rôle jouons-nous? On peut
avoir l’impression que nos chemins de croix
s’éternisent… C’est vrai! Mais n’oublions pas
qu’ils débouchent nécessairement sur le soleil
du matin de Pâques; sinon, nos croix sont
inutiles et nos chemins ne nous conduisent nulle
part… Bonne Semaine Sainte!
Une partie de cette méditation a été partagée lors de la messe des RAMEAUX à Blesmes par l'abbé Pierre RIME.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire