2 ème dimanche de Pâques
Dimanche de la divine miséricorde
(Ac 2,42-47 ; 1P 1,3-9 ; Jn 20, 19-31)
Mon Seigneur et mon Dieu !
D’après les Évangiles, Jésus ressuscité se serait montré aux disciples une dizaine de fois. Selon l’ordre qui est souvent retenu par les Évangiles l’apparition aux disciples en l’absence de Thomas, est la cinquième apparition et celle en présence de Thomas en est la sixième. Il en a eu sans doute bien d’autres, car selon Saint Jean « il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence de ses disciples et qui ne sont pas écrits dans ce Livre ici. » (Jn 20,31-32). La conséquence de ces apparitions est bien ce que nous lisons dans les actes des Apôtres ce dimanche : « Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun » (Ac 2,42-47), tellement la foi des disciples en la résurrection de Jésus était bien enracinée qu’ils pouvaient, comme on vient de le voir, développer entre eux la crainte de Dieu et la communion fraternelle. Ce qui est décrit ici dans le livre des actes des Apôtres a été possible grâce à la vitalité de la foi des disciples au lendemain de la résurrection. C’est à tort que nous regardons cela aujourd’hui comme de l’utopie, même si au regard de l’histoire cela n’a pas non plus duré longtemps.
Au cœur de tout cela, attardons-nous un instant sur la foi de Thomas pour comprendre son doute quant à la résurrection de Jésus. Thomas avait-il tort de demander à voir avant de croire ? Non ! car la foi passe aussi par l’expérience des sens. Il y en a qui ont seulement besoin d’entendre pour croire : c’est la foi à travers la proclamation, l’annonce de la Bonne Nouvelle. C’est ce que dit Saint Paul dans sa lettre aux Romains « comment mettre sa foi en Jésus Christ si on ne l’a pas entendu ? Comment entendre si personne ne proclame ? » (Rm10, 14). Il est bien vrai aussi que c’est à travers certaines expériences de la vie, ou même à partir d’un choc existentiel, d’une épreuve de la foi que nait la foi authentique chez certains. C’est le cas par exemple de Simon Pierre. Le choc intérieur que son reniement lui a causé au point de finir par en pleurer et ensuite sa rencontre avec le ressuscité pendant la pêche miraculeuse vont changer la vie et la foi de Pierre. Mais cela n’est pas vrai pour tout le monde. Il y en a qui ont besoin de voir pour croire : Par exemple voir se produire un miracle. C’est le cas de Thomas.
Jésus proclame bienheureux « ceux qui croient sans avoir vu » c’est-à-dire tous ceux ne font pas partir de la génération des premiers disciples ; ceux qui ne l’ont pas vu de leurs yeux en chair et en os et, qui ne l’ont pas touché de leurs mains. Nous sommes sans doute de ceux-là que Jésus proclame bienheureux, mais cela ne fait pas de nous les plus croyants en comparaisons aux premiers disciples. Ce n’est certainement pas le sens de la déclaration de Jésus. A nous aussi Dieu a fait la grâce de la foi autant qu’il en a fait aux premiers, même sans avoir vu, toucher et contempler le verbe de Dieu pour reprendre des expressions chères à Saint Jean. Que ce soit Thomas qui a cru pour avoir vu, ou que ce soit nous qui avons cru sans avoir vu, l’important, c’est que nous tous nous puissions arriver à la même profession de foi qui impose silence et adoration. A la vue du Ressuscité, Thomas n’appelle pas Jésus ou rabbi, mais il appelle « Mon Seigneur et Mon Dieu. » Ces mots de Thomas traduisent chez lui une attitude d’adoration et de contemplation. C’est à cette contemplation et à cette adoration que chacun de nous sera invité tout à l’heure pendant l’élévation du corps et du sang de Jésus par le prêtre où devant ce mystère si grand, nous dirons chacun dans son cœur la profession de foi de Thomas « Mon Seigneur et mon Dieu. » Désormais avec Thomas, nous comprenons que lorsque nous entendons le nom de Jésus, nous n’avons plus seulement affaire à Jésus le Nazaréen mais nous avons affaire à notre Seigneur et Dieu. Puisse le Ressuscité illuminer nos vies et nous accorder sa paix. Amen.
Père Claude MITCHIKPE
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